12 idées reçues sur le clitoris

Les connaissances anatomiques réelles sur le clitoris en sont à leurs débuts. Lueur d’espoir : la recherche avance ! Les découvertes récentes ont abouti à une véritable révolution copernicienne sur la façon de comprendre et d’appréhender les plaisirs des femmes et mettent à mal de nombreuses idées reçues, y compris dans les milieux spécialisés (gynécologie, sexologie, psychanalyse…). Quelques exemples choisis ici des perles qu’on entend encore souvent…

  1. Les femmes qui ne ressentent pas de plaisir pendant la pénétration sont frigides.

FAUX !

Contrairement à ce que l’on peut croire, le vagin est très peu pourvu de nerfs : il est donc très peu sensible. La plupart des plaisirs que ressent une femme pendant un rapport sexuel avec pénétration vaginale est en fait provoqué par le clitoris, notamment par les frottements contre ses bulbes internes. Le clitoris se déploie de telle sorte qu’il rend érogènes l’urètre, les petites lèvres et la zone G située à l’entrée du vagin. D’où l’importance  de stimuler le clitoris (interne et/ou externe) pour aider à ressentir plus de plaisir, voire à obtenir un orgasme. Pourquoi parle-t-on de « pénétration » alors qu’il y a prise ? Le vagin prend, enserre, absorbe, masse : il n’est pas un réceptacle inerte mais un organe complexe et préhenseur ! Dirait-on d’une main qu’elle est prise ou pénétrée quand elle saisit ? Parlons donc de préhension !

 

  1. Le plaisir clitoridien, c’est un truc de petite fille.

FAUX !

La majorité des orgasmes des femmes, à tous âges, sont dus à une stimulation clitoridienne externe. L’idée que les caresses du clitoris seraient réservées aux petites filles véhicule en réalité le stéréotype qu’il y aurait une sexualité mineure (clitoris), moins intéressante, plutôt réservée à l’enfance ou aux préliminaires et une sexualité majeure (vagin), la vraie pour les femmes. En réalité, à tous les âges, quelle que soit la zone stimulée (vagin, seins, oreilles…), le clitoris joue toujours un rôle dans le plaisir des femmes.

 

  1. Lorsque les femmes sont anorgasmiques c’est définitif.

FAUX !

D’abord, il n’y a pas de raison de faire de l’orgasme un passage obligé. Chaque personne évalue différemment la qualité de ses plaisirs. Une personne dira qu’elle a eu du plaisir là où une autre parlera d’extase avec les mêmes sensations ! L’orgasme n’est ni automatique ni obligatoire, d’autant qu’il s’agit d’une idée très subjective de ce que doit être la plus grande intensité de plaisir sexuel pour une personne donnée. Les femmes ont toutes de quoi ressentir des plaisirs sexuels épanouissants. Rappelons que les hommes eux sont nombreux à ressentir des plaisirs sexuels sans avoir d’orgasme : éjaculation ne veut pas dire orgasme, loin de là ! Si vous avez le sentiment de ne pas ressentir autant de plaisir que vous le souhaiteriez, n’hésitez pas à consultez un gynécologue. En effet, cela peut être lié à un petit désordre médical (ex : infection, mycose, irritation, endométriose, diabète, problème thyroïdien…) qui, une fois traité, pourrait changer la donne.

 

  1. Le clitoris, c’est pour le plaisir en solo.

VRAI ET FAUX !

Une femme peut jouir seule grâce à son clitoris. Pour certaines, il est d’ailleurs parfois plus facile d’apprendre à connaître son corps et les moyens qui lui procurent du plaisir en étant seule. Ainsi, les plaisirs sexuels avec soi même constituent une expérience fondamentale qui permettent de construire ses sexualités tout au long de sa vie. Le clitoris a aussi un rôle à jouer dans des relations à deux, trois ou beaucoup plus. Il est un élément indispensable de l’excitation et du plaisir des femmes. Dans le cadre d’une relation avec un ou une autre partenaire, il est donc tout à fait important.

 

  1. Une femme peut naître sans clitoris

FAUX ET VRAI !

Cette particularité est rarissime dans le monde. Elle s’appelle  « l’absence congénitale de clitoris » (1 seul cas répertorié aux Etats Unis). Dans la majorité des cas où le clitoris n’est pas visible extérieurement, c’est soit parce qu’il s’enfouit lors de la montée des sensations, soit il s’agit en d’un phimosis : anomalie bénigne se caractérisant par un excès de tissu préputial recouvrant trop le clitoris, allant jusqu’à l’enfouir sous la peau, rendant parfois le clitoris invisible à l’œil nu. Un phimosis se soigne très facilement par une très légère intervention chirurgicale réparatrice.

 

  1. Le clitoris n’est pas forcément nécessaire aux femmes pour le plaisir

FAUX !

La stimulation du clitoris est la condition nécessaire (mais pas systématiquement suffisante) pour que les femmes puissent éprouver des plaisirs et un orgasme intense pendant un rapport sexuel.

 

  1. Le plaisir des femmes, l’orgasme, le point G… c’est dans la tête des femmes, c’est psychique et pas mécanique

 FAUX !

Cette idée selon laquelle le plaisir des femmes serait « intellectuel » et celui des hommes « charnel » est complètement fausse. Dans les deux cas, cerveau et clitoris ou cerveau et pénis ne peuvent se penser séparemment : les interactions sont permanentes ! Le plaisir sexuel chez les femmes est majoritairement liés à des causes physiologiques, organiques. La stimulation (mécanique ou non, volontaire ou non) du clitoris (interne et/ou externe) entraîne un réflexe automatique : l’érection du clitoris, créant du plaisir pouvant aller jusqu’à l’orgasme. D’ailleurs ce qu’on appelle « l’orgasme du point G » est en réalité l’orgasme produit par la stimulation du clitoris interne par un objet ou par un pénis à travers la paroi antérieure du vagin.

 

  1. Le clitoris est l’unique organe par lequel les femmes ressentent du plaisir

VRAI et FAUX !

VRAI car le clitoris est le seul organe du corps humain dédié uniquement au plaisir. Grâce à ses 10 000 terminaisons nerveuses, son excitation entraîne en général beaucoup de plaisirs intenses, voies royales pour l’orgasme. FAUX car il y a bien évidemment de nombreuses autres zones du corps déclenchant du plaisir chez les femmes et pouvant aider à atteindre l’orgasme (peau, seins, fesses, cou, pieds….) et propres à chaque personne. Il y a aussi de nombreux autres facteurs aidant au plaisir : type de relation avec son (sa) partenaire, imaginaire érotique, ambiance, type de caresses, sentiment de liberté, estime de son propre corps…

 

  1. L’orgasme est plus indispensable pour les hommes que pour les femmes

FAUX !

Sur un plan physiologique, il est à noter que les hommes peuvent éjaculer sans orgasme, et vice-versa. Chez les femmes, c’est idem : l’orgasme et/ou le plaisir clitoridien sont indépendants et n’interfèrent nullement avec l’ovulation (qui se déroule beaucoup plus haut, dans les ovaires et les trompes). Par ailleurs, dans la plupart des cas, plus on éprouve du plaisir pendant les rapports, plus on désire en avoir.

 

  1. La masturbation rend enceinte, infertile, fait perdre son hymen voire rend sourde

FAUX !

La masturbation stimule le clitoris entraînant des orgasmes mais le clitoris n’interfère pas du tout sur les ovaires ni sur l’utérus qui sont les lieux où se situent vos ovocytes. Ne parlons pas des oreilles qui sont à des années-lumière de votre clitoris ! Quant à l’hymen, il est impossible qu’en se masturbant manuellement, il y ait défloration de l’hymen.La masturbation (excitation du clitoris) est naturelle et sans aucun danger.

 

  1. Prendre du plaisir avec son clitoris est amoral, c’est pécher

FAUX !

Le plaisir a pendant longtemps été considéré comme un péché : sans doute car, en faisant « perdre la tête », il nous éloigne un peu de la réalité et fait un peu peur. Les religions, notamment l’Eglise catholique, ont toujours voulu contrôler le plaisir, garder la main (c’est le cas de le dire !) dessus. Mais le plaisir est une partie fondamentale de nos vies : qu’il soit sexuel ou autre (massages, gastronomie, boissons, sport…) : pas de quoi avoir honte, au contraire !

Pour celles et ceux que cette question taraude, nous vous encourageons à lire les textes de Sainte Thérèse d’Avila décrivant ses orgasmes : « Et de ce bien de l’âme parfois déborde dans le corps l’onction de l’Esprit Saint et toute la substance sensitive jouit, tous les membres et les os et les moelles, non pas aussi faiblement que cela arrive d’ordinaire, mais avec des sentiments de grande délectation et de gloire, que l’on ressent jusqu’aux dernières articulations (hasta los últimos artejos) des pieds et des mains » (LB 2, 22).  De même, connaissez-vous les textes  des musulmans soufis, la littérature érotique tantrique ?

 

  1. Après un orgasme, les femmes ne peuvent plus ressentir d’excitation physique

FAUX !

Contrairement aux hommes, les femmes peuvent, sur un plan strictement physiologique, dans certaines conditions, enchaîner une succession infinie d’orgasmes à la suite, sans période réfractaire.

 

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Pour en savoir plus :

 

– Female Circumcision: Indications and a New Technique, W.G. Rathmann, M.D.,GP, vol. XX, no. 3,  pp 115-120 , September, 1959

– Absence of the clitoris in a 13-year-old adolescent: medical implications for child and adolescent health., Bellemare S, Dibden L., J Pediatr Adolesc Gynecol., December 2005 ; 18(6):415-8

– Women Without Orgasm: Now or Not Ever, Stanley Ducharme, Ph.D., Irwin Goldstein, M.D, Sexual medicine, BUMC, July 30, 2003

– Le site internet : http://1libertaire.free.fr/Univpopfeminisme.html