Le clitoris raconté dans les romans

La littérature érotique a laissé peu de place aux auteures et les pratiques qui y sont décrites oscillant entre vision stéréotypée des femmes et violence laissent peu d’espace à l’expression d’une belle prose autour du clitoris.

Dans un style moins fleuri que celui que nous avons découvert à travers la poésie, citons Catherine Breillat, cinéaste polémique, mais également auteure capable d’écrire une ode au sexe féminin dans le livre Pornocratie.

Dans ce roman, une femme paye un homme pour qu’il regarde son sexe.

Dans ce texte, parfois difficile, Breillat dit du clitoris qu’il « a un pouvoir si grand que c’est elle [personnage du roman] qui devait le payer pour avoir accepté de succomber » (8).

D’autres écrivaines ont permis à leurs héroïnes de connaître les plaisirs de ce « pouvoir si grand ». Ainsi, dans Sept nuits (9), Alina Reyes fait dire à sa narratrice « je me suis couchée sur son dos, je l’ai chevauché en frottant mon clitoris sur ses fesses ».

Quant à Anaïs Nin, dans le premier texte de Vénus Erotica (10), l’Aventurier Hongrois, elle décrit une danseuse brésilienne qui se passe du rouge à lèvres sur le sexe.

« Elle passait du rouge sur ses lèvres avec autant de soin qu’elle l’aurait fait sur sa bouche, si bien qu’elles finirent par ressembler à des camélias rouge sang, que l’on aurait forcés à s’ouvrir, pour laisser apparaître le bouton intérieur encore fermé tel le cœur plus pâle, à la peau plus fine, de la fleur. ».

A l’instar des poètes qui affectionnent la métaphore florale, Anaïs Nin, exploite l’image en écrivant dans la nouvelle Marianne : «  et tandis qu’elle le caressait avec sa bouche, ses doigts écartaient ses petites lèvres comme les pétales d’une fleur et il recherchait le pistil ».

De la 1ère du film l’Ange bleu de Sternberg à Berlin, Sollers dira, dans le Grand roman de l’érotisme floral : « Le soir même, elle [Marlène Dietrich] part pour New York où elle restera jusqu’en 1960. Elle s’avance sur scène dans un manteau de fourrure blanc, l’enlève et le montre, épinglé sur sa robe, dans l’entrejambe, un bouquet de violettes » (11).

A travers l’évocation de ce bouquet de violettes, Philippe Sollers pense au clitoris de la célèbre actrice.

Finissons ces morceaux choisis de romans évoquant le clitoris, sur les mots magnifiques de Violette Leduc dans La bâtarde (12),  décrivant les amours de deux adolescentes dans un pensionnat: «  deux pinceaux se promenèrent dans mes replis. Mon cœur battait dans une taupinière, ma tête était pleine de terreau […]. Mes yeux clos écoutaient : le doigt effleurait la perle. Je me voulais spacieuse pour le seconder. ».

 

(8) Pornocratie, Catherine Breillat, Denoël, 2001.

(9) Sept nuits, Alina Reyes, Robert Laffont,2005.

(10) Anaïs Nin, Vénus Erotica, Le livre de poche, 2008.

(11) Le grand roman de l’érotisme floral, Phillipe Sollers, Hermann Littérature,121 pages, 23.50 euros.

(12) La bâtarde, Violette Leduc, Préfacé par Simone de Beauvoir, Collection L’imaginaire, Gallimard, 1964.