La poésie du clitoris

Rares sont les poètes qui s’amusent à célébrer le clitoris. Certains néanmoins, s’y frottent… 

On peut citer Verlaine, demandant à sa compagne : « laisse errer mes doigts dans la mousse où le bouton de rose brille » (3). La nature sert également d’appui à Henri Cantel pour imager le clitoris qu’il glorifie dans un célèbre poème de la littérature érotique : « et le désir en flamme ouvre amoureusement, le clitoris en fleur qui jalouse les roses ».Mais également Théophile Gautier pour qui « sous son capuchon folichon, le clitoris s’abrite, rose ermite » (4)

Une autre citation qui prouve que la métaphore florale est décidément dominante chez les poètes : « Ah, faites-moi feuille de rose, prenez en pitié mon aveu : c’est une langue que je veux», œuvre de Guy de Maupassant (5).

Pierre Louÿs, poète mort en 1925, a pour sa part beaucoup écrit sur le clitoris, et lui a même consacré un poème entier (6) :

 

Blotti sous la tiédeur des nymphes repliées

Comme un pistil de chair dans un lys douloureux

Le Clitoris, corail vivant, cœur ténébreux,

Frémit au souvenir des bouches oubliées.

 

Toute la Femme vibre et se concentre en lui

C’est la source du rut sous les doigts de la vierge

C’est le pôle éternel où le désir converge

Le paradis du spasme et le Cœur de la Nuit.

 

Ce qu’il murmure aux flancs, toutes les chairs l’entendent

À ses moindres frissons les mamelles se tendent

Et ses battements sourds mettent le corps en feu.

 

Ô Clitoris, rubis mystérieux qui bouges

Luisant comme un bijou sur le torse d’un dieu

Dresse-toi, noir de sang, devant les bouches rouges !

 

Quant à la poésie contemporaine, elle est plus sombre, comme le montre Denis

Vanier, poète québécois, dans son recueil de poèmes, Le clitoris de la fée des

étoiles (7) :

Je lui mange ses anticorps

Pénètre jusqu’à l’origine qui sent le fromage

Le clitoris de la fée des étoiles saigne entre mes dents

Dilue ses désirs dorés dans l’eau des lèvres.

 

(3) Paul Verlaine, Parallèlement, les amies.

(4) Théophile Gautier, L’épouseur de famille.

(5) Guy de Maupassant, Poésies Libres.

(6) Pierre Louÿs, La femme, poèmes érotiques manuscrits rédigés entre 1889 et 1891.

(7) Denis Vanier, Le clitoris de la fée des étoiles, Revue les Herbes rouges, Montréal, n°17-1974.